L’oeuvre d’Edouard Buzon est un carnet de voyages intérieurs, une déambulation onirique pavée de signes, de chiffres, de morceaux de phrases inachevées. Les images sont familières mais les chemins les liant les unes aux autres parfaitement inattendus. Peuplées de personnages qui nous tournent le dos, les peintures de Buzon proposent à celui qui s’attarde d’embarquer sur des surfaces merveilleusement lisses pour rejoindre des lignes de fuite improbables et vivement colorées. Son propos n’est pas de définir l’histoire mais bien d’offrir à chacun un langage mystérieux pour écrire son propre récit.

Après des années de recherche, d’ajustements, le peintre s’est façonné des outils propres et singuliers l’autorisant à aller au plus près de son idéal plastique. Il fabrique lui-même ses couleurs, ajoutant à des pigments minutieusement choisis des médiums variés. L’iconographie est piochée dans ses innombrables clichés photographiques. Néanmoins la photo demeure anecdotique, un prétexte à une autre échappée. Il recompose des paysages étranges, et les intègre à des compositions chromatiques surprenantes et néanmoins séduisantes.
Mais ce qui ajoute à l’originalité de ce travail est l’attention toute particulière qu’il accorde à la finition. Couche après couche, Edouard polit la surface de ses oeuvres, obtenant ainsi, après des semaines de patience, une laque évoquant volontiers le brillant d’une belle carrosserie. Démiurge en son pays, amoureux du travail bien fait, Edouard Buzon investit chaque étape de la gestation de son monde, insufflant la même énergie au fond et à la forme.
Entrer dans les oeuvres d’Edouard Buzon, c’est oser passer de l’autre côté du miroir.